Un plat bouillant
Nos amis, lors d’un dîner, nous ont copieusement nourris de riz basmati. Quelques ajouts de curcuma, de cumin et de brins de coriandre affolant les papilles.
Ils nous racontent leur dernier périple en Inde. Partis de France en moto, ils ont mis 1 mois pour atteindre leur but, s’arrêtant dans divers lieux historiques afin de visiter la région.
Narrant leur voyage, leur violon d’Ingres, avec pleins de détails croustillants, les musiques entendues et les instruments qu’ils ont partagés avec les hindous : un sitar, une flûte Bansuri, des bracelets de danse, des bols chantants.
La musique est une passion si grande, un voyage à lui tout seul parmi les partitions, les nuages de notes, les clefs du ciel, le paradis des cinq sens.
Les corps se délassent, bougent, swinguent jusqu’au bout de la pénombre. Un brasier flambe sur la plage. Nous sortons le râga et le tâla, deux instruments fondamentaux de la musique indienne et improvisons autour de quelques accords de Ravi Shankar. Les flammes lèchent nos visages, se mêlant à nos corps brunis. Comme ensorcelé, les corps enfiévrés, nous bravons le froid de l’air marin lunaire, dansons jusqu’au petit matin.
Le narrateur parle du voyage, de son voyage comme des partitions de notes, de mots sonores, semblable à une musique douce exhalée par les contrées lointaines aux imaginaires à la Jules Verne. Les senteurs d’un chicken Bombay acheté dans un commerce yonnais apportent son lot de goûts succulents où la musique des cinq sens s’harmonise, s’agite en lui.
Il ne te reste plus qu’à cueillir ses bouquets sans tarder, car, même un plat bouillant devient tiède avec le temps.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 04/10/2018
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Boucan du diable
Les bruits légers des clapotis de la Seine Se mêlent aux klaxons
Des automobilistes impatients
Sur le quai St-Michel (érigé en 1857 sous le règne de Napoléon III)
Un canard se pose avec fracas sur les flots calmes du fleuve
Les pompiers déclenchent leur sirène
Quel boucan du diable !
Un pigeon s’envole, se réfugiant à l’ombre des regards
Un canard s’ébroue, fait le beau.
Entre la cathédrale Notre-dame et le Pont-Neuf (commencé sous Henri III, achevé sous Henri Le Grand IV – 1578-1607)
Entre les ponts Sully et Marie,
La Seine étend ses tentacules le long des berges
Reflets, rides zigzaguant sur les flots.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 08/05/2018
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Renaît de ses cendres
Siffle vent sur les flancs du train
Glissent les mots sur les branches feuillues des chênes
Tu n’es que silence et brillance
Images latentes
Réminiscences de pensées ancestrales
Sur la toile opaque noire
L’aube blanchit
L’espoir renaît des cendres d’un passé cicatrisé, scarifié, oublié
Tu fais jaillir alors la lueur même minime d’une faille,
Qui, perceptible, devient béante
Parmi les ombres défaites, les récits de nos âmes
Qui, d’un rivage à une berge, navigue à contre-courant
D’une terre menacée , maltraitée, souillée.
Embarqué malgré ton empathie,
Tu te frayes un chemin caillouteux, brinquebalant
Parmi une nature verdoyante et joyeuse.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 08/05/2018
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Matin – midi – soir
Quand l’aube naît
La terre gronde
Tressaillements mécaniques
Mi-serpent, mi-anguille
Aux écailles inaltérables
Aux brillances inoxydables
Le métro se faufile presque partout
Enfin, oui, presque !
Le piéton, anarchiste du temps
Joue à cloche-pied avec les règles
Se moque éperdument des normes
Prends le contresens des préjugés
Brise les tabous de nos vies surfaites.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 07/05/2018
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Piéton anarchiste
Paris entre fascination et répulsion
Poubelle d’or et de vent
Le laid fait le beau
Ҫa grimace
Le Vernis craquelle
Le promeneur amusé
Décontenancé
S’abreuve d’art
Jusqu’à la lie.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 07/05/2018
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Écrire c’est si facile
Pense-t-il !
C’est simplement aligner
Quelques mots sur le papier
Non, c’est peindre, décrire
Une réalité, un état d’âme
En une histoire,
En une poésie brève
C’est un stylo bien affûte
Qui dégaine toute sa verve
En une prose survitaminée
Écrire c’est si gracile
Indolents signes
Dans la blancheur
D’une aube latente.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 06/05/2018
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Au square Cluny
Ҫa court, ça crie
Ҫa se trémousse
Ҫa se chamaille
Fête dans le quartier
Les bouteilles plastiques claquent
En jets d’eau
La chaleur dénude les épaules, les épaules et les dos
Ҫa pulse dans les corps
Électrisés de désirs charnels.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 06/05/2018
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Métro – boulot – Dodo
Ronflement sourd du monstre reptilien
Les regards se suspendent
Une larme coule
Un petit garçon métissé attristé
Un homme à la mine renfrognée
Scrute son propre reflet
Un couple septuagénaire rit, discute,
Vibre dans le même élan fraternel.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 05/05/2018
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Né là-bas
Né là-bas, ici et ailleurs
Tu voyages, défais les fils qui te relies aux premiers cris
De la naissance aux traversées solitaires
Tu te refais une conscience renaissante
Eh, fils et père du monde !
T’effeuilles les peaux écailleuses de l’océan
Ardoises d’écumes
Un solo indigo dans les flots abyssaux
T’es vibrato sur les cordes alto d’un corps sirène
Mère des océans, tu glougloutes, bruisses d’algues
Mêlée d’étoiles filant dans un univers
Multidirectionnel
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 23/02/2018
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La vieille hindou
L’enjeu est de se réapproprier le chemin qui va se fondre toutes les frontières.
La vieille hindou au sari bariolé, rieuse, aux rides boisées, accueille à bras ouvert l’hôte, le marcheur en quête d’un bonheur partagé.
Elle rie, brise les murs du silence, ses diversités de sens eurasiennes.
Son regard fixe mais mouvant se plonge littéralement dans mes viscères.
Je m’imagine déjà fixer ma yourte comme un colocataire installé.
Je viens colporter mes semis occidentaux.
Rusée, peut-être pas plus que moi, la sagesse éloquente, elle me prend dans ses bras
Une explosion intérieure, continents et frontières se défont, se brisent et se fragmentent
en archipel, en îles solidaires.
Les frontières ne sont-elles alors que des blocs artificiels, des routes limitées ?
Est-ce une Europe éclatée, explosée qui interdit l’esprit solidaire ?
Non, pas de ça ici !
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 23/11/2017
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Voyage insulaire
Voyage, voyage
Dans les terres océanes
Dans les continents jetés
Au vent fou des millénaires.
Être là et s’enfouir dans les ondes vibrantes
Des bleus insulaires
Plier bagage dans les nuées
Des bleus azurés, envolées d’imaginaire.
Loin de nos terres semées dans les hautes sphères
De promesses entre ciel et terre
Partir, rester, erratique dilemme
Le voyage défait nos certitudes.
Les bagages grands ouverts
Comme les pages d’un livre
Les voyages insulaires ne nous laissent pas indemnes.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 20/10/2017
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Deux yeux me zieutent
La nature me côtoie, me visite, m’insubordonne
Que me veut-elle ?
Vient-elle m’apporter ce lot d’interrogation, de curiosité végétale
que son aura irradie en moi ?
Ah l’impertinent, ce regard d’enfant aventureux !
J’enveloppe le tronc de mes bras tendres
Ses veines me revigorent
Ah, la voilà ma prochaine maison !
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com
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Montpellier du 27 juillet au 1er août 2017
L’Europe
A la terrasse de l’hôtel,
La végétation déjeune dans nos assiettes
Tortueuse, langoureuse, elle guette nos faits et gestes
Elle s’invite à nos tables
Elle se nourrit d’un bol d’eau, d’un bol d’air et d’un bol de terre
La nature urbaine se repaît de nos restes alimentaires
Elle ne les ingurgite pas
– Oh,non, ouille, elle a mal au ventre !
Un estomac trop sensible qui préfère les fruits et légumes
Elle devient colère
Le fric est l’éthique immorale des hommes politiques
D’aubes pures, nous l’aimons notre nature
N’en faites pas un décor contrefait sans âme.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 01/08/2017
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Jardin de la gare de Montpellier
Attente !
Détente !
Au jardin de la gare
J’y suis peinard
A méditer sur mon banc
A attendre le départ
Du train Montpellier-Bordeaux
Les bancs offrent du réconfort
Les discussions se font sans effort
Personne connaît mon histoire
Une dame susurre des récits farfelus
De pigeons et de drôles d’hurluberlus
Je m’assoupis comme un loir
Volant sur le dos d’un pigeon.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 01/08/2017
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Trajet Montpellier-Bordeaux
Sitôt grimpé dans le train
J’apprends le métier de porteur de valise
Il faut dire qu’une demande provenant d’une si jolie femme
Ne peut pas se refuser
Sans mollir, je me frotte au métier de psychologue
pour obsessionnel compulsif de vitraux
Un cas très rare et volubile qui m’accapare.
Je ne sais pas raccorder les récits qui dérapent. Les détails qui déraillent.
Une histoire qui n’est plus qu’un grimoire
Un sentier de mémoire qui se perd
Dans les hautes montagnes de ses souvenirs éteints.
Il m’explique par grands gestes des faits souvent anodins
Découpe dans sa moelle, des maux
Qui saignent la page
Qui imprègnent sa rage
Alors, oui, continuer, malgré ce monde chaotique
Briguer la justesse de mes mots
Blanchir les monts libres de ses lendemains qui chantent
C’est suivre le train continuel de ses désirs
Un voyage perpétuel.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 01/08/2017
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Le carrousel de la Comédie
Tournez carrousel de la comédie
Tournez carrousel de la fausse modestie
Tournez carrousel des maintes envies
Tournez carrousel des douces folies
Tournez carrousel des demoiselles les plus jolies
Virevoltez folle jeunesse de bonne compagnie
Alignez les bonnes notes et bourses bien fournies
Virez les importuns en mal de jalousie
Vivifiants artistes que l’on applaudit
Sur la Place de la Comédie.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 31/07/2017
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Crécelles
Les criquets laissent filer
Leur petite musique légère
Rythmée par les claquements
Des pièces du jeu d’échec
Les voix vives des joueurs,
Leurs gestes rapides, leurs moues moqueuses sont tues
Par le bercement du vent
Par la chaleur douce de fin d’après-midi
Douceurs ocres des murs des maisons
Rêves métissés d’une Algérie
Imagée, imaginée, idéalisée.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 31/07/2017
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Rues célèbres
Sur la Place Jaurès, s’élève, en l’an 1500, une grande loge de marchands crée par Jacques Cartier, le noble argentier du roi Charles VII.
Ce grand homme prie Sainte-Anne en jetant du petit sel contre les mauvais sorts du bas-peuple.
La cloche de l’église sonnant cinq heures, il part avec ses gardes du corps et jette ses lots de sels sur les étals de la friperie qui l’horripilent.
– Regarder ses tas de vêtements qui s’abîment et attirent toutes sortes de maladies.
Joseph Cambon, pas dupe, se cache derrière sa devanture l’Ancien Courrier où derrière se prolonge la petite loge 19. Il craint ce riche commerçant qui souhaite faire disparaître tous ses gagne-petit, ses gagne-misère qu’il les appelle ainsi.
Ses petites gens qui considèrent la vie comme un bras de fer.
Joseph n’admet pas que des balances s’en prennent au Puits du Temple et convoque l’Ordre de Malte pour diaboliser ce cloaque qu’il désigne ainsi comme un désordre innommable.
Il convoque le Petit Saint-Jean qui pratique des recettes de sorcellerie et qui vénère les Sœurs Noires. Ce petit homme au yeux perçants connaît toutes les incantations de la Magie Blanche qui se pratiquent derrière les persiennes tirées des devantures de la Draperie Rouge, de l’Argenterie, de l’Aiguillerie.
Une tenancière du bar Le Bouc d’Or du nom de Clémence Delait s’affuble d’une barbe noire les soirs de la pleine lune.
Joseph et le Petit Jean s’ingénient à effrayer les commerçants embourgeoisés qui veulent chasser les artisans fiers de leur petite loge, ses malotrus friqués possédant ainsi la loge la plus spacieuse.
Joseph s’en moque de ses prises de bec sans fondement. De sa petite loge 19, il surplombe les allées et venues des plus jolies femmes.
Ce soir, une de ses femme tant désirée, Rosa Bonheur vient pour déguster son hydromel. Belle comme une chatte, il l’enivre de galipettes.
Du bonheur dont ils sont prédestinés, il devient leur cheval de bataille.
Joseph ralliant le nom de famille de son épouse. Il porte en lui-même un nouveau cheminement plein de clarté et surtout plein de bonheur.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 31/07/2017
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Ville chauffée à blanc
Vibre cité
Tes sentiments bouillonnent
Tes ruelles s’entremêlent
De trésors cachés
Où Krishna à main nue gratte un sitar
Où les cathares survolent les monts cévenols
Vibre cité
Ton cœur brûle de mille clameurs
Slames, ma chère beauté, aux ruelles courbes
Slames, ma folle aimée aux désirs fourbes
Tu t’abreuves à l’eau fraîche
De la fontaine des Trois Grâces
Vibre cité
Ville chauffée à blanc
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 30/07/2017
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Place de la chapelle neuve
Les fenêtres s’entrouvrent sur la Place de la Chapelle Neuve
Survols des âmes avides d’élucubrations ésotériques
Des bribes de chuchotements, les pierres parlent
D’histoires amoureuses anciennes
De disputes passées et vaines
De disparitions irrésolues
Des pierres de la chapelle,
La patine du temps défile
En un cortège de vieux écus malhabiles
L’écu glorieux des saltimbanques moyenâgeux
Ici-bas,
Ces valeureux artistes
Des funambules de l’art sensible et éphémère
Artistes circassiens, musiciens, clowns, danseurs, marionnettistes
Là,
Un cinéma d’ombre mêlé de lumière.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 30/07/2017
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Vieux têtards
Vieillards aux troncs tordus, crevassés
Tortueux et tourmentés
Ils sont nos guides et nos consciences
Des silhouettes habitées, vrillées
De tout ce qui nous remue
Leurs orbites d’ombres sont creusées
Par des histoires très anciennes
La lumière nous rend hébétée, bestiale
Ré-assombrissons-là, la cruelle mégère !
Le mystère est un lieu
Qui se cherche à tâtons
Entre deux états
Recule un peu
Tu verras tout défiler.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 29/07/2017
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Médire
Dire tout sur rien
Des mots sans queue, ni tête
Des armées d’alphabets
Balayées par le vent anonyme
D’une nature revancharde.
Dire quoi quand un nombre incalculable
De poètes, de philosophes et autres pontes
Débitent des sentences tranchantes
Sur les ardoises de nos écoles.
Médisances que de nous sermonner
Que nous ne sommes plus que
Des perroquets sans conscience.
Non, quelle gageure !
D’humble condition, j’écris sur ce qui m’émeut
Me fait rire et me fait enrager.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 28/07/2017
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Suis-je ?
Suis-je le train poursuivant la paysage ?
Suis-je le paysage filant en dehors du train ?
Suis-je ma réalité dénichant des mots savamment calibrés ?
Suis-je un éclat de vers entamé par des rimes dissonantes, éclatées,
Des césures dynamitées ?
Suis-je le poète, l’éponge même de mes sentiments les plus beaux mais aussi les plus farfelus ?
Suis-je l’impotent face à la puissante et complexe machine économique moderne ?
Suis-je ?
Suis-je ?
Je ne suis qu’un apprenti acharné de la poésie.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 28/07/2017
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De gais lurons
Sans gais lurons
Point de galopins
Ni de gueux grisés
Ni de grogs gouleyants
Gargouillis de gaz
Gorgées goûteuses
Dans un bistrot plein
De gaillards et de gourgandines
Ils se gargarisent de gasconnades et de galipettes gargantuesques
Cela gueule jusque tard dans la nuit
Les étoiles gigotent, graciles sous les robes écarlates
Des désirs inachevés.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 27/07/2017
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Toi, l’homme
Le sang de nos ancêtres
Pulse dans nos veines
D’entre les draps s’immiscent
Les contes lumineux
De nos chères têtes blondes
Toi, jeune fille qui gigote
Devant ta maman
Impassible et impuissante
Toi, l’enfant qui cueille le fruit
Avant qu’il ne mûrisse.
Toi, l’homme adulte qui veut tout connaître
Imposant ses connaissances
Comme des vérités absolues.
Toi, le Temps, cette nature qui gouverne nos vies.
Alors, seules les impulsions d’éclats de soleil
Sont nos guides.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 27/07/2017
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Chemins enlacés
De chemins en lacets,
je marche parmi les odeurs enivrantes des sapins,
une forte odeur de sève mêlée de soleil et des suées de tout mon être.
Je me défais du trop plein comme la mue du lézard.
Je jette mon téléphone portable du haut de la montagne.
Je lâche ce qui m’encombre.
Je défais les contraintes.
Je pétris les hasards.
J’allume les étoiles
J’entame mon envolée sur la voie lactée.
Non pas de champagne, ni de bagarres,
ni de flirts mais la poésie du regard et de l’instant bref.
Celle des grands espaces du rêve.
Les rênes du Petit Prince en lutte avec sa lune imaginaire
L’astronome en quête de divin.
Déloge le réel et le défenestre
Dans la queue des comètes.
Saoules-toi de fêtes sans queue, ni tête
Vivre et se suffir à soi-même !
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 04/07/2017
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Le voyageur sans bagage
Partir où, visiter ce grand pays tant désiré, la Russie, il emmène l’essentiel : l’appareil photo, le carnet d’écriture et quelques vêtements éparpillés dans la valise à roulette.
A l’aéroport de Paris, la piste est encombrée de touristes courant dans tous les sens affolés par l’inertie du personnel.
L’arrivée à Vladivostok se fait dans un déchirement de métal, de crissement de pneus. Dès l’ouverture du SAS, les vacanciers sont éjectés comme des bagages superflus.
Pas de répit, une semaine, c’est court pour les visites guidées. Il s’est entraîné à la marche à pied durant des semaines entières. Faut pas déconner quand même, c’est qu’il y a plein de musée à découvrir.
Il hèle un taxi pour visiter le mémorial du sous-marin à Vladivostok.
Notre jeune officier japonais Hito se presse, il est déjà en retard. Il rouspète dans le taxi, fixe sa montre sans cesse. Enfin, dépêchez-vous, il ne me reste qu’un petit quart d’heure avant que la visite guidée ne débute.
Sitôt débarqué, une foule immense, hébétée attend l’ouverture des portes du musée.
Hito descend promptement du véhicule, court pour prendre sa place.
Une lumière estivale de fin d’après-midi baigne la scène.
Il met son appareil photo en joue et cible les groupes de touristes agglomérés entre les statues et les décorations.
Un présent amnésique qui se dérobe sans cesse.
Le musée ouvre enfin ses portes, des cris de joie ponctuent l’avancée houleuse de la foule. Les membres du personnel constituent des petits groupes afin de réguler les entrées et sorties. Hito parvient à franchir le SAS du fameux sous-marin russe que son père avait connu. Il lui racontait alors ses périples dans la mer Baltique.
Sitôt entré dans la pièce principale du musée, une jeune femme asiatique attire son attention.
Messieurs, mesdames, suivez-moi, nous allons commencer la visite. Complètement hypnotiser par son timbre de voix et son sourire énigmatique, il ne cessa de l’observer sous toutes les coutures shootant comme un paparazzi.
A la fin de la visite, il l’interpella
– Eh, je voudrais faire quelques photos de vous et du sous-marin !
– Ok, je veux bien poser pour vous ! Attendez un peu, je suis décoiffé et il fait chaud ici.
Ouf, j’ai soif, un peu de thé me fera du bien, merci, oh, là, vous allez un peu vite, quel risque prenez-vous de renverser votre thermos de thé sur votre appareil photo, ne vous brûler pas ! (eh là , elle chuchote dans sa langue « Qu’est-ce qu’ils ont ses foutus touristes à se démener comme des excités ! Euh, oui, oui, je me presse, oui, le sourire bien large ! Dès fois, qu’on ne verrait pas mes dents jaunes ! Eh, j’espère qu’il va me filer des dollars et me payer un coup à boire.
Et dire qu’il va me la poster sur les réseaux sociaux. Mais, quelle tronche vais-je encore avoir ! Je vais passer pour un dindon, eh, là, les farceuses de frangines qui me vont me lyncher de répliques bien senties – Ah, là, là, regarder-là notre amie friquée qui se pavane !
Je fais semblant de ne pas comprendre toutes ses explications. Il s’agite et me dit que je n’arrête de baragouiner. – Donnez-moi un billet ou je stoppe tout ! C’est bon, en plus, je suis pas payer à jouer la poupée made in china. Vous savez Monsieur, cela peut coûter cher les poses photos !
– Est-ce que c’est enfin fini Monsieur, et, comment vous appelez-vous ?
– Je m’appelle Hito – Ah, vous êtes chinois !
– Non, je viens du Japon ! De la ville de Kyoto exactement.
– Ok, eh, eh, cela vous dirait de m’inviter à un petit resto ! C’est que tous ses prises de vues m’ont affamé. Vous me paierez bien un supplément ! Surtout que vous me plaisez.
– Euh, vous êtes sûr ! Rouge comme une tomate, il ne sait plus quoi dire. Il bafouille, se recoiffe secoué par les révélations de cette jolie inconnue. Il se relève prêt à partir.
Elle s’énerve – Non, ne partez pas, laisser moi quand même quelques billets !
– Oui, voici 50 dollars ! – Merci Monsieur !
La jeune femme murmure quelques reproches – Il ne sait même pas son prénom !
Ne suis-je qu’un décor, qu’une image orientale fabriquée par vos esprits occidentaux ?
Ne serait-il qu’un présent éparpillé, qu’un présent pressurisé ?
Ou ne serait-il qu’un présent futurisé ?
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 02/05/2017
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Le vent t’amène
Un soir, au soleil couchant, une orange planète vient se poser sur le rebord de ma fenêtre. Elle me donne des ailes.et une envie d’échapper du béton où je vis.
Je sors dans la nuit à sa recherche l’appareil photo sur mon épaule. Je marche, je marche, je marche….Je cherche la petite lumière dans la nuit sans lune. Ah, est-elle cachée sous ce réverbère ? Je frissonne mais les ombres menaçantes n’ont pas d’emprise sur moi.
Ouf ! Des petites lueurs aux fenêtres. Oh, la, la ! Douces auras urbaines. Des hommes sont passés par-là. J’entends leurs pas ? Là, une maman et sa fille, une petite vieille qui marche.
Un adolescent traverse en courant. Des traces, des empreintes sur le bitume.
– « Où es-tu mystérieuse planète ? » J’arpente les ruelles. Je gravis les marches.
-« Y-a-quelqu’un ? » – « qui est-là ? » – « Répondez ? »
Une voix dans la nuit me parle. – « Ô poète du bitume ! Aurais-tu la prétention de t’accaparer l’astre solaire ! » Viens donc plutôt faire la fête avec nous, photographe, somnambule.
Je pars, je marche dans ma cité, puis je m’endors dans les fourrés du parc.Je suis ma route, la valise à la main. Bien malin, ah, celui qui sait quel chemin je prends.
Je vais vers ma petite planète orange. Je ne suis pas celui qu’on imagine.
Je ne suis pas celui qui vit parqué dans un assemblage de béton. Je suis, je suis, je suis le marcheur. Je débroussaille les routes et les talus. Je ne veux que l’essentiel : La puissance du vent et l’obsédante pluie.
Marcher, et marcher encore… Des raccourcis, des rallongements.
Je baille, je frissonne. Que de kilomètres parcourus sur la terre de mes ancêtres ?
Qu’ai-je aperçu à l’horizon ? Un sabotier
– « Eh, monsieur le sabotier, je veux une paire de sabots confortables, aller, du 32 au 48 ! Ce n’est pas important ! J’essaye la paire. Ouille, j’ai mal ! »
Qu’est-ce que j’aperçois, une ombre, entre les sapins !
– « Holà, monsieur le forgeron, tu ne me reconnais pas ? Aller, inscris mon nom sur ce bracelet » qui marque mon passage en ce lieu.
Je voudrais retrouver la chaumière, celle qui me réchauffait mon cœur solitaire.
Des souvenirs épars me reviennent. L’odeur du café fumant, le journal froissé sur la table. Des guirlandes de mots, et des lambeaux de silences. Je pars, je pars loin, loin, loin
Un capitaine m’embarque sur son bateau.
–<< Cache-toi. !>>Je dois être le seul skipper à bord.
Je vogue d’un continent à un autre avec le vent des globes.
Viens, je t’emmène dans une Afrique inconnue
-« Entends-tu les tam-tams ? »
Que se passe-t-il ? Je ne sais plus très bien qui je suis, ni où je suis. Un arc-en-ciel devient un pont qui me mène dans une tribu. Je danse dans un tourbillon d’éclats de rires. Je swingue sur la plage, jusqu’au bout de la nuit. Mon cœur bat à perdre haleine tellement la musique me pénètre. Je suis transpercé dans mes veines. Transe, transe… Je chute sur le sable chaud.
Un monde inconnu me visite, une lumière m’aveugle. Un vent souffle à mes oreilles.
La fête est finie. La fête est finie.
Quelques notes de musique résonnent dans ma tête.
Les musiciens reviennent comme des ombres et jouent une musique étrange.
Où sont-ils ? Ils ont disparu.
Là, devant moi, un reflet, c’est toi ma planète orange ?
Je cours à sa rencontre, saute dans les vagues. Ah, ah !
De drôles de plantes surgissent des abysses de l’océan.
– Quelles formes bizarres ! Des solanées, le vent me souffle,
-« où sont tes ancêtres ?>> Des belladones,
-<<où sont tes ancêtres ?>> Des jusquiames
-<<où sont tes ancêtres ?>> Des valérianes,
-<<où sont tes ancêtres ?>> Mais, j’entends des voix qui m’appellent.
Mon inspiration vacille aux mille et une lueurs de la nuit.
Je croyais tout contrôler mes pensées, mes actes. Tout m’échappe.
La Nature me prend dans un tourbillon de rêveries, irréelle nature.
Je ne parviens pas à percevoir les frontières entre le rêve et la réalité.
Pourtant, j’entends des glougloutements. Sapristi ! J’ai froid, l’eau rentre dans mes chaussures. Je sors péniblement mon pied gauche de la boue des marais. J’emprunte une zone moins humide qui me parle de mon grand-père.
-« Souviens-toi, il pêchait à main nue la baudroie et la morue. Ses mains écorchées saisissaient l’oursin dans les rochers. »
Au loin, le clocher faisait résonner les dimanches à l’église. Je me souviens de mon arrière-grand-mère. Elle amidonnait des coiffes pour sa famille.
N’oublie jamais de rêver mon enfant !
Rêve, rêve, dans le vent !
Ô petite planète orange
qui devient bleue.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com
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L’artisan des mots
L’artisan attise les mots au feu de sa rébellion
Peau hérésie, des mots passions
La pointe de la plume lui fouaille les chairs,
Ô planète orange qui brûle en moi !
Fruit savoureux qui prend la couleur chatoyante de l’Afrique
Comme un mirage qui attend sa réalisation.
Je suis l’artisan-poète qui consume son débit de mots
Brasier syllabique, infanticide de la langue,
Je rêve à ce noir qui s’assied à mes côtés.
Un soir où les veillées embrasaient nos corps
Feux des souvenirs, brûlures d’un passé scarifié
Corps-poème, peau que j’aime,
je ne suis que feu et passion.
Nous sommes des milliers à parler d’une même voix.
La même voix qui nous mènera loin, au-delà des océans.
Y-a-t-il un sentier au creux des vagues salées ?
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 14/03/2017
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Les voix de tes ancêtres
Je pars de mon Afrique natale, je marche, loin… loin…
Je dors où je peux m’abriter, buissons, fourrés, clairière
Les nuits blanchissent toujours les jours qui passent
Je me réfugie dans les rêveries des fêtes de mon village
Où se mêlent le suc parfumé des oranges,
Le parfum mentholé des pins, de miel d’Eucalyptus.
Souviens-toi !
Je reprends la route. Ma route
Des kilomètres de questionnements.
Mon périple, sera-t-il vain ?
Les nuits blanchissent toujours les jours qui passent
Des pétards explosent. Déchirement de métal. Peur. Cloué au sol.
Est-ce une conjuration ? Une évasion fictive ?
Clash, flash, des images trash, cris d’hystérie… La tempête se calme.
Des parfums d’oranges se mêlent aux épices.
Une silhouette trapue se devine entre les fourrés.
Je sursaute. L’homme m’interpelle – Eh, l’ami, qui es-tu ?
– Mon nom est l’humain qui se mêle au ciel, à la terre et aux océans.
Il répond – Eh, où vas-tu ?
– Je viens d’au-delà des océans, de mon Afrique rêvée
– Pourquoi rêvée? Tu n’es pas d’ici
– Je suis en transit. Les parfums, les souvenirs d’enfance me ramènent sans cesse là-bas
– Tu es d’où alors ? – D’ici et de là-bas. Mon cœur saigne. Habites-tu la forêt ?
– Oui, une cabane en bois que j’ai restauré ayant peu de ressources.
– Viens mon ami marcher, loin dans les plaines, à travers les routes et les océans.
Un goût de suc d’orange sanguine parfumé déjà me fait saliver.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 14/03/2017
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Voix de l’Afrique
Je marche, je marche, je marche… Les habitations brillent dans les rues sombres
Je marche, je marche, je marche… J’attends la chaumière
Qui saura réchauffer mon cœur ?
Cette maison est pareille à une étoile filante trouant l’épaisseur de la nuit.
Ouvrira-t-elle ses portes ?
Jette un rai de lumière sur ta nuit ! Peins la cité avec ton âme
Griffonne tes mots sur les murs. Ouvre les volets sur tes rêves.
Il faut escalader la barrière du parc.
La Nature n’appartient-elle qu’à ses propriétaires ?
Je m’arrête au pied d’un parterre fleuri. Je m’endors…
Un capitaine m’embarque dans une Afrique méconnue.
Je vogue d’un continent à l’autre. Un arc-en-ciel devient
un pont qui me mène dans des tribus inconnues
Je ne sais plus très bien qui je suis, ni où je suis.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com
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Il a gelé dur dans cette bourgade américaine
Les maisons particulières, vite montées et vite vendues, jalonnent les rues anonymes.
Les automobiles bon marché de cette ville ouvrière longent la façade blanchâtre d’une petite maison. La neige compacte paralyse cette cité. Les déneigeuses ne balayeront pas les traces de pas, les empreintes de mains laissées par des hommes aux visages creusés de rides soucieuses.
Les ouvriers de la cité enlèvent tant bien que mal les couches floconneuses durcies sur les pare-brise. Ils leur ont fallu monter et descendre des quantités de bouteilles d’eau pour gratter ferme au point d’avoir leur poignet douloureux.
Du perron de leur maison, les hommes s’activent, prennent possession d’une cité à priori endormie.
Le taux de chômage est si important que leurs propriétaires vendent leurs logements à perte. Les délocalisations ont plongé toutes les petites villes américaines dans un anonymat sombre.
Notre homme s’était construit une vie souterraine dans son cagibi. Un nid douillet loin des bavardages, des tracas bruyants de la ville.
Charpentier et menuisier de métier, travaillant sur les chantiers, quand le travail manquait, il connaissait tous les spécificités des matériaux du fer au bois. De par son expérience, il avait aménagé sa cuisine en confectionnant ses propres étagères en bois, ses armoires peintes, ses sculptures en fer forgé.
Cela lui permettait de caser ses réserves de boites de conserves, de sucres, de cafés pour pallier aux commerces chers. Il essaimait sa maison de créations colorées pour briser la monotonie de ce monde monochrome au formol. C’était sa façon à lui de cacher la lumière faible que le peu de soleil poussiéreux laissait entrevoir par une fenêtre riquiqui, enfin cela faisait allusion plutôt à un hublot.
Il venait juste de vendre sa maison pour une bouchée de pain.
Il partait déprimé sous un ciel de neige. L’hiver allait être rude.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 11/12/2016
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Froide réalité
Froid intense
Lignes des cimes lointaines
Si terrifiantes
Comme un carnaval de masques
Brisant la nuit sans lune
Dénicher l’auberge, vouloir dormir à tout prix
M’enfouir dans les lueurs chaudes des traînées d’étoiles
Au sillage du transsibérien semant des rêves hypnotiques.
Là, caresser, là, les folles graminées.
Inventer mon oreiller d’herbes, un abécédaire amoureux dédié
Aux lèvres si bleues de mes rêves
Telles des chemises fanées et pourtant si bien pliées.
La maison n’est pas à vendre
– Regarde maman, on a jeté les nuages dans le ciel !
La froide réalité dévore la bourgade en quartiers désordonnés
Vies en déroutes, villes chaotiques.
Urgence, urgence…
Les cafés se dépeuplent, les boites de conserves clairsemées,
Les boites de sucres nageant à contre-courant.
La nuit américaine enfile les rues, les boulevards en brochettes tagadas.
Fuir, fuir l’anonymat des périphéries faméliques.
Casser les murs, les murailles, les cloisons, les prisons de nos âmes
Concasser les autos playmobiles, les armes, les tanks, les esprits guerriers.
Rétablir les ponts, les stations aux essences fruitées,
Des paquebots de mots s’absentent sur les fleuves.
…silences coupants…
Mc Murphy plombe ses silences impalpables de chantiers innombrables
Mains pantelantes, membres désaccordés,
Besoin hurlant de sang neuf
Un casting de seconde main s’opère.
Les bras cassés aux inventeurs désincarnés
Dévastent la scène, écaillent le vernis trop frais.
Rassemblons visage, tête et corps en des fragments de rêves
Retrouvons enfin la chaleur du foyer
Réintégrer enfin l’auberge de notre propre réalité.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 11/12/2016
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Le petit Jules
Le petit Jules aime mordiller les brins d’herbes sauvages.
Il sent la pluie arriver. Son papi René dit toujours quand la pluie débarque,
ses douleurs reviennent.
– Grand-père René, viens, regarde les nuages noirs, ils se rapprochent !
– Oui, j’ai vu mon petit Jules, le temps vire à l’orage.
Le petit garçon voit bien qu’il fatigue, il se courbe de plus en plus sous le poids du travail,
dans les champs, il s’échine à récolter quantité de blés mûrs. Sans aide extérieure, il ne peut pas prendre de repos. Sa femme est partie préférant vivre en ville.
Les saisons passent, filent sous les cieux azurés aveyronnais. Les deux comparses partent des journées entières, récoltent des herbes sauvages, des champignons. Leur chien Mirza les accompagne, jappant devant sa rondelle de saucisson tant méritée. Il en redemande.
Il se roulera encore et encore dans les blés secs.
Les saisons passent, filent sous les cieux azurés aveyronnais.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 10/08/2016
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Les deux fillettes
Le froid des forêts aveyronnaises dépose ses filets de brume sur les bois morts.
Deux fillettes jouent dans les bois, cherchent des recoins où la lumière joue avec les ombres jusqu’au plus profond des chemins où se dessinent des silhouettes sans visages.
Elles se mettent à la recherche de feuilles, de brindilles, d’herbes disparates.
À l’aide de la terre humide et de leurs doigts habiles, une forme grossière se dessine. Elles lui fabriquent des bras et des jambes, confectionnent des ustensiles de cuisine.
Elles entament une discussion. – Eh, regarde ! Sa tête bouge, elle nous répond !
– Tu crois ! N’est-ce pas ton imagination qui te joue des tours ?
Le froid des forêts aveyronnaises dépose ses filets de brume
sur les morceaux de bois mort.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 10/08/2016
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La diagonale du rêveur
Je traverse canal, champ, forêt et fleuve.
Eh, regarde, le ciel azuré, la quiétude,
La douceur du vent et du soleil.
Te souviens-tu des longues balades
Où nous rêvions, loin des bruits de la ville,
Nos mains caressaient le sable si doux,
Qu’il nous évoquait nos ancêtres,
Leurs amours semèrent fleurs, arbres fruitiers,
Maisons et châteaux sur cette terre.
Attente
Est-ce le paradis idéal, une île à conquérir ?
Allez, souquez ferme, matelots !
Il n’y a plus de courants
Ce n’est pas vrai dans ce pays
Ils sont toujours en grève.
Á l’encre ensablée
Les embruns des océans,
Les lointains horizons
Nous rappelaient nos origines
Contrées que nous atteignions presque
Sans savoir où elles nous menaient.
Au fil de l’horizon
Partir à l’aventure
C’est suivre quoi, un horizon plat ?
Fermez quelques secondes les yeux
Apprenez à voir autrement. Prenez un brin de soleil
Ajoutez des fragments de mots
Agrémentez-les de pensées fleuries
Épicez-les d’une pointe d’humour
Faites ressortir toutes les nuances
Des goûts mêlés, les sens éveillés.
Débordement
Les pêcheurs inventent des récoltes miraculeuses
Des poissons arc-en-ciel peace and love
Des poissons bleus naïfs
Des poissons soleil amoureux
Des poissons montgolfières aventuriers
Des poissons crayons écrivains
Des poissons muets passe-partout
Des poissons citron pressés
Des poissons cornichons insatisfaits
Des poissons OVNIS qui sont partout
Des poissons ronds dans la lune
Tout ce beau monde régale nos papilles et nos âmes d’enfants.
Ancrage
S’emplir de bleu
S’enivrer d’embruns
Gravir sentiers et îlots
Nos cœurs ballottent au plus profond des abysses.
Périple
Suivre le fil de la plume
La mouette prend ses ailes
Inspire, survole
Ancre nos émotions au ciel
Délivrant des fragments de mots
Expiration salutaire.
Liberté
Elle attend le navire
Se love dans la végétation
Vas-y saisit la vague !
Laisse-la glisser
Embrasse ses douces lèvres azurées
Ivre navire dans le sillon
Des vaguelettes scintillantes d’étoiles.
Boomerang
Êtes-vous sûr que votre ticket de voyage est valable ?
Vous avez bien vu que cet itinéraire était factice
Partez sur une grande île qui n’existe pas
Ne vous inquiétez pas ?
Elle ressuscite lors la marée redescend.
De ciel et de bois
Les dunes évoluent si l’être humain élève la nature
Vers l’exigence et la générosité
La végétation prend toute la dimension
De sa variété d’espèces
La qualité d’âme se nourrit des bleus du ciel et des verts tendre.
Ca ne manque pas de pin
Ciel mon sapin ! Quel trésor la nature m’a-t-elle donné ?
Ne sachant pas que l’homme
Est un perpétuel guerrier rêvant
A de nouvelles contrées
L’arbre fait germer ses fruits
Sous un soleil revigorant
Mais, sous les nuages, la colère gronde.
Désertification
Quand l’homme aura dévoré végétaux et animaux
Quand l’homme aura bu toutes les eaux
Quand l’homme aura épuisé les énergies naturelles
Quand l’homme aura assassiné tous ses congénères
Quand l’homme aura dilapidé tout son argent
Que lui restera-t-il de ses larmes verser dans ce désert ?
Petits ronds
Petits ronds qui tournent, tournent pas ronds
Tourniquet, mots qui butent
L’alphabet est un bourricot qui s’emballe
Les langues s’emmêlant
Les métaphores s’évanouissant
Dans les mirages de l’utopie
Arrêtes-toi petit bonhomme
De courir comme un dératé
Zieute les petits bonheurs des sentiers ensoleillés.
Paradis, utopie
Quelle plage de rêve ?
Nos pensées sont en balade
Parmi le végétal et le minéral
Les bleus de l’âme occultent les énigmes
Qui se trament derrière les jolies cartes postales
Jeunesse, ne laissez pas cette planète
Périr entre les griffes des armées conquérantes.
Prend tes ailes
Prend tes aises, mon goéland
Goéland de mes envies
De mes désirs virevoltants
Prend ta boussole, vole sans escale
Dans des lieux inconnus
Faire jaillir de ses ailes
Des ricochets de lumière
Sur les vagues océanes.
Cap sur le phare
Au fil de l’aventure,
Notre mer nous envoie son messager
La vie ne tient qu’à un fil…
…de canne à pêche
Y a ceux qui pêchent malgré eux !
Pourvu que ça cancane devant un verre
Et, que la vie ne soit qu’une filiation.
Fil à plomb
Le ciel a du plomb dans l’aile
Les nuages sont pris pour cible
L’océan tempête
– Eh, là-haut, du ciel, qu’est-ce tu fiches à nous jeter tes saloperies ?
– Eh, oh ! L’océan, déjà que l’humain nous souille de ses déchets
– Quoi, le ciel, tu pourrais te les garder !
– Eh, ne déconnez pas !
Tu sais bien que l’humain pêche par avarice
Madame Plume
Madame Plume, c’est le surnom de notre goéland
Ses congénères ne le trouvent pas assez épais
Manque de vitamine, de poisson
Il faut manger la peau, ça te redonnera
Un peu de graisse sur les os
Tu manques de soleil, fait la planche
Sur un ilot ou sur un bouchot
L’été arrive, il faut te faire une beauté
Avant que le soleil couchant ne fasse disparaître
Tes rêves et tes projets naissants.
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 29/05/2016
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Mon île en Ré majeur
« L’histoire se passe sous le règne de Constantin vers 320 a.p. J.C. Sainte Hélène crée une chapelle à St Michel. Elle confie ses reliques à son chapelain, les pèlerins affluent tellement d’ailleurs que l’ermite (moine) ne peut plus prier tranquille. Il émigre donc à la Dive. »
Depuis l’aube des temps, l’Ermite St-Michel de la Dive traverse monts et vaux à la quête des beautés de la Nature. Un jour de balade, Saint-Michel croise une femme rayonnante
– Eh, jolie inconnue ! Comment t’appelles-tu ? – Je m’appelle Hélène, Sainte-Hélène !
Et à qui ai-je l’honneur de parler ? – Je suis l’Ermite Saint-Michel !
Venez jeune demoiselle visiter l’île tant désirée !
Déjà, les premières lueurs de l’aurore roussissent la chevelure auburn d’Hélène. Ne faisons pas de bruit, chut ! Le jour se lève…
La sainte nuit n’est plus de ce monde. Sans famille et sans racines, quoique, Hélène pourrait être sa femme, il possède néanmoins quelques affaires de rechanges, une bourse d’écus dans sa besace.
Ils cheminent l’air de rien, un rien les habillent, leurs poches se remplissent de leurs rires, chansons et comptines.
Porté par la foi et leur musique, St-Michel et Ste-Hélène chantent la sublime et fragile Nature. Le temps passe, des temples disparaissent, de puissantes cités sont vaincues par de valeureux guerriers.
Leur ciel leur semble immuable, leur terre leur semble éternelle. Cette gigantesque Nature se révolte contre les oppresseurs humains.
Leurs passages laisseront une trace indélébile dans la campagne insulaire.
St-Michel s’exclame – Ô mon ciel, donne-moi tes ailes pour te visiter et te connaître !
Vole, vole l’oiseau, suis le ciel, la terre et l’océan !
– Et moi, Michel, je veux aussi te visiter ! – Oh oui, Hélène, visite-moi !
Vole, vole l’oiseau, suis le ciel, la terre et l’océan !
Le ciel et la terre s’entremêlent en un univers au bleu si profond, profond… !
Vole, vole l’oiseau, suis le ciel, la terre et l’océan !
Vole mouette rieuse, envoles-toi, Hélène, entre mes bras, ma colombe adorée.
La mer n’a pas de frontière, déniche la lumière dans l’ombre de ton cœur.
Ô majestueuse nature, ô ma flamme !
St-Michel, sauras-tu la trouver, là, dissimulée, entre les moutardes des champs et les hautes herbes… ?
St-Michel, ton cheminement sera long. Tu t’éloigneras des villes marchandes,
des attractions publicitaires. Tu n’auras ni Dieu, ni maître mais tu as une nouvelle femme, Hélène, l’amour de ta vie., de tes vies multiples.
Tu m’auras tout entier, ô ma vulnérable Nature ! Vent, tu seras ! Tempête, tu seras ! Amour, tu seras ! Et tu m’aimeras…
Fiers, amoureux et aventureux, St-Michel et sa douce adorée s’aventurent au-delà des océans, vaincront tempêtes, embruns et les rires moqueurs des mouettes rieuses.
Les douceurs marines les enivrent. Liqueur tenace … Ciel et mer en furie … Chevelure d’algue, nuages dentelés. Sa douce aimée est sous l’emprise des écumes. Ô tentaculaire astre protège-nous ?
L’Ermite confectionne une guirlande de mousses verdoyantes à son épouse, mère de toutes les mers. Tu es mon phare qui me guide dans l’immense profondeur de la nuit. Allons, allons ma belle Sainte-Hélène, allons guerroyer les bandits des océans.
Ils guettent derrière l’horizon. Le drapeau masqué par les vaguelettes. Les inconnus se dressent : innommable mât, drapeau maléfique… Le mystère et l’aventure se nichent au bout du chemin.
Ce cheminement t’emmène dans des contrées où le soleil miroite sur les vaguelettes. Petites étoiles scintillantes. Mademoiselle, mademoiz’ailes, dansez, virevoltez…Robe blanche pailletée, mille étoiles éclaboussent les mers et les continents.
Tu t’élèves loin, loin, au-delà des nuées. Tu chantes, ô tu clames ton amour à ton inaccessible astre. Ta planète Terre n’est jamais très éloignée de tes yeux enamourés. Regarde, Hélène, ces fourmis qui te regardent béatement.Tu braves hardiment l’immense océan – Eh, eh, petits humains, voyez-vous vraiment la Nature !
Celle que vous chantonne Sainte Hélène – Bien sûr, tu n’es jamais totalement seul !
Nous, humains, nous t’enveloppons de notre chaleur partageuse.
– Eh, Saint-Michel, viens partager mon lit, nous allons nous câliner aux rythmes lancinants Des flux et reflux de l’océan. Chant presque inaudible. Seuls les cœurs amoureux et curieux l’entendent, là, sous le creux de l’écume.
Retiens-moi, Sainte-Hélène, je ne peux te quitter ! – Regarde Hélène, la lumière étinceler sur les flots qui filent, là, regarde encore, j’ai vu, je l’ai vu, là, se dresser sur ses jambes immenses. – Qui, Michel, qu’as-tu vu ? – Mais enfin Hélène, tu l’as bien vu, là, sous le bateau, enfin quoi, il filait à toute allure vers l’horizon. – Mon pauvre Michel, tu as pris encore un coup sur la tête. – Hélène, je ne divague pas, je l’ai vu avec une forme de fourche effarouchant les bancs de sardines. – C’est le diable en personne !
– Vite, vite, cachons-nous derrière les dunes avant qu’il revienne nous dévorer tout cru !
Michel entraperçoit les lèvres de son adorée se pincer. Visions éphémères balayées par le vent océanique. Un goéland piaille
– Allez, Saint Michel, largue les amarres, met les voiles, eh, entends-tu, dans le lointain, les mots chuchotés de ta bien-aimée ? – Qui parle, qui êtes-vous ? – Non, tu ne divagues pas ? – Êtes-vous un Dieu ailé ou un zéphir? – Je ne suis pas un oiseau, je suis la voix qui l’habite, viens, viens embrasser mes ailes bleutées !
– Comment puis-je te rejoindre ? – Tu peux me rejoindre en pensant très fort à elle !
– Suis-moi, je sèmerais des indices pour guider ton cœur troublé !
– Comment saurais-je les reconnaître ? – La même voix jaillira de ses objets végétaux, minéraux ou autres
Copyright@ Francis Lempérière – fralemp@gmail.com – 06/06/2015